Émotion dans la communauté juive après la mort d’une octogénaire poignardée et brûlée

Mireille Knoll, de confession juive, avait selon ses fils échappé en 1942 à la rafle du Vel d’Hiv. Le parquet de Paris a retenu le caractère antisémite de ce crime.

 Joël Mergui, le président du Consistoire israélite veut « comprendre ce qui s’est passé et ne pas laisser se reproduire le silence qui avait suivi l’assassinat de Sarah Halimi il y a un an dans le même arrondissement ».
Joël Mergui, le président du Consistoire israélite veut « comprendre ce qui s’est passé et ne pas laisser se reproduire le silence qui avait suivi l’assassinat de Sarah Halimi il y a un an dans le même arrondissement ». LP/B.H.

    La mort de Mireille Knoll, 85 ans, suscite une immense émotion, dans la communauté juive et au-delà. Son corps a été découvert la semaine dernière dans son appartement incendié, dans le XIe arrondissement de Paris. D'après les premières constatations, la victime portait des traces de coups de couteau.

    Le parquet de Paris a ouvert lundi une information judiciaire pour « assassinat » à caractère antisémite. Deux suspects vont être présentés dans la journée à un juge d'instruction en vue de leur éventuelle mise en examen, notamment pour « assassinat à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion et sur personne vulnérable ». Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

    Elle avait échappé à la rafle du Vel d'Hiv

    En visite au Proche-Orient, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian avait déclaré ce lundi que la piste antisémite était «plausible».

    Selon les deux fils de la victime, que cite le député UDI Meyer Habib sur sa page Facebook, elle avait pu échapper à la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942 grâce au passeport brésilien de sa mère. Sur Twitter, l'élu dénonce un « assassinat barbare » et publie la photo de la victime.

    « Les circonstances de sa mort et de l'incendie de son appartement doivent être au plus vite établies par la justice, notamment pour savoir s'il a répondu ou non à des motivations antisémites », avait demandé la Licra (Ligue internationale contre le Racisme et l'antisémitisme) dans un communiqué.

    D'autres personnalités ont également réagi, comme Bernard-Henri Lévy qui évoque « une horreur qui ne doit souffrir aucun silence ».

    « L'enquête fait état d'éléments ne relevant pas d'un caractère antisémite, toutefois cette piste n'est pas écartée et doit être encore approfondie », avait précisé le Service de protection de la communauté juive (SPCJ).

    Un homme a été placé samedi en garde à vue. Un deuxième homme l'aurait été quelques heures plus tard . Mireille Knoll avait déposé des mains courantes contre un riverain qui avait menacé de la faire brûler.

    A la police, un membre de la famille de Mireille Knoll a dit soupçonner un voisin qui avait l'habitude de venir la voir et était passé dans l'appartement dans la journée. C'est cet homme, né en 1989, qui a été placé samedi en garde à vue. « Apparemment ma mère le connaissait très bien et le considérait comme un fils », a déclaré le fils de la victime.

    Une marche blanche mercredi

    Lundi en début d'après-midi, le Crif, Conseil représentatif des institutions juives de France, a annoncé organiser une marche blanche en mémoire de Mireille Knoll, mercredi 28 mars, à 18h30, au départ de la place de la Nation à Paris.

    Le président du Consistoire israélite (organe de représentation religieuse), Joël Mergui, a expliqué vouloir « comprendre ce qui s'est passé et ne pas laisser se reproduire le silence qui avait suivi l'assassinat de Sarah Halimi il y a un an dans le même arrondissement ».

    Le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti fait également le parallèle avec la mort de Sarah Halimi et évoque « la même haine ».

    En avril 2017, Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 65 ans, avait été tuée à Paris par son voisin. Aux cris d' « Allah Akbar », entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, le jeune homme l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. Après des mois de bras de fer judiciaire, le caractère antisémite du meurtre a été retenu par la juge d'instruction fin février.

    Dominque Sopo, le président de SOS Racisme, se joint à l'appel pour le rassemblement de mercredi. « Les crimes racistes et antisémites ne sont jamais des faits divers mais des symptômes du craquellement du fin vernis de civilisation qui nous protège de la haine et des pulsions mortifères », écrit-il dans un communiqué.